Je nourrissais les pigeons tous les samedis jusqu’à ce que l’un d’eux m’apporte une lettre qui disait : « Suis-moi ».

Sylvia trouvait plus de réconfort parmi les pigeons dans le parc que dans les murs de sa propre maison.

Nourrir les oiseaux chaque samedi était son refuge, son unique moment de paix.

Mais un matin, sa routine simple fut bouleversée lorsqu’un pigeon particulier lui apporta une note qui changea tout.

C’était samedi, le jour que Sylvia chérissait le plus.

Elle se réveilla tôt, savourant le silence avant que le monde ne s’éveille.

Enfilant un pull doux, elle se dirigea vers la cuisine.

La mélodie du piano venant de la télévision emplissait l’air tandis qu’elle préparait le petit-déjeuner et mettait de l’ordre.

Le calme ressemblait à une étreinte chaleureuse.

Mais au fil de la matinée, la paix fut brisée.

La mélodie de la télévision fut soudain remplacée par le rugissement strident d’un match de football.

Simon, son mari, s’était réveillé.

« Tu mets ces absurdités dès le matin un samedi ? » aboya Simon, sa voix tranchant le calme.

« Je ne peux même pas dormir correctement ici ! »

Sylvia soupira, réprimant son irritation.

« Je faisais juste un peu de ménage, » répondit-elle doucement.

« Apporte-moi mon petit-déjeuner et ne me dérange pas, » lança-t-il sans lever les yeux

Elle posa son assiette sur la table, ignorée et non remerciée, avant de saisir son manteau et de sortir.

L’air frais du matin frappa ses joues, offrant un bref soulagement.

Sylvia marcha jusqu’au parc, son sanctuaire.

Le soleil traversait les branches, parsemant le sol de lumière dorée.

Elle se rendit à la boulangerie près du parc—un rituel aussi réconfortant que l’odeur du pain frais qui l’accueillait.

« Madame Sylvia, chaque samedi comme une horloge ! » l’accueillit chaleureusement M. Collins, le vieux boulanger.

Sylvia sourit.

« J’aime garder mes habitudes. »

M. Collins lui tendit une miche de pain chaud, et elle remarqua un jeune homme derrière le comptoir—un nouveau visage.

Ses cheveux en bataille et son air timide l’intriguèrent.

« C’est mon fils, Philip, » dit fièrement M. Collins.

« Il est revenu de l’école pour aider. »

Sylvia hocha poliment la tête, bien qu’elle surprit un échange curieux entre le père et le fils.

En quittant la boulangerie, elle crut entendre Philip murmurer : « C’est elle ? »

Sylvia atteignit son banc préféré sous un grand chêne.

Déchirant de petits morceaux de pain, elle les jeta aux pigeons, qui s’attroupèrent autour d’elle en roucoulant et battant des ailes.

Elle les salua comme de vieux amis—Gary, Vanessa, Robin—et observa leurs singeries avec une joie tranquille.

Mais soudain, un étranger apparut parmi eux—un pigeon plus petit, plus brillant, avec une note attachée à sa patte.

Sylvia cligna des yeux, incertaine de ce qu’elle voyait.

« Qu’est-ce que c’est ? » murmura-t-elle, tendant la main.

L’oiseau se posa avec assurance sur son bras, lui permettant de détacher le petit rouleau de papier.

La note disait : « Suis-moi. »

Sylvia rit nerveusement, regardant autour d’elle à la recherche d’un farceur caché.

Mais la curiosité l’emporta sur son hésitation.

L’oiseau prit son envol, et Sylvia le suivit, le cœur battant.

Le pigeon la conduisit au bord du parc, où Philip se tenait avec l’oiseau perché sur sa main gantée.

« Vous l’avez suivi ! » dit Philip en souriant timidement.

Sylvia croisa les bras.

« Tout cela, c’est pour quoi ? »

« Voici Keely, » expliqua Philip en caressant le pigeon.

« Il est dressé.

Mon père parle souvent de vous—comment vous venez ici chaque samedi pour nourrir les oiseaux.

Je me suis dit que ça pourrait vous plaire. »

La surprise de Sylvia se transforma en amusement.

« Eh bien, vous avez certainement rendu ma matinée intéressante. »

Philip hésita avant de dire : « Je pense que vous êtes incroyable.

Vous êtes si gentille avec les oiseaux.

Si vous voulez, je pourrais vous apprendre à les dresser. »

Le sourire de Sylvia s’élargit.

« J’aimerais beaucoup. »

Mais en jetant un coup d’œil à sa montre, la réalité la rattrapa.

« Je dois y aller. »

Quand Sylvia rentra chez elle, la voix de Simon retentit immédiatement.

« Enfin !

Tu traînais encore avec ces stupides oiseaux ?

Je t’ai attendu toute la matinée ! »

Sylvia se figea dans l’embrasure de la porte, ses mots lui frappant comme une gifle glaciale.

Pendant des années, elle avait excusé son comportement, enterrant son malheur sous la routine et le silence.

Mais à cet instant, elle comprit la vérité—elle enviait les pigeons parce qu’ils étaient libres.

Calmement, elle retira son alliance et la glissa dans une enveloppe.

La posant sur la table, elle se retourna et ressortit, le cœur plus léger à chaque pas.

Sylvia ne savait pas exactement ce que l’avenir lui réservait, mais elle ressentait quelque chose qu’elle n’avait pas éprouvé depuis des années : l’espoir.

Avec les pigeons, le parc, et peut-être même Philip, elle était prête à reprendre sa liberté et à se redécouvrir.

Pour la première fois depuis longtemps, Sylvia se sentait libre.

 

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